S’il est constructif, le conflit entre parents profite à l’enfant
© Image de la réconciliation des parents devant les enfants après une dispute |
À condition qu’elle ne soit pas dénigrante, la dispute parentale enseigne l’art de la nuance. Pour délivrer une bonne éducation, les géniteurs doivent s’épauler et préciser leurs convictions.
La coparentalité passe par des réglages permanents, voire de la controverse. Tant que l'écoute et le respect demeurent, l'enfant est gagnant.
S’il y a une consigne qui revient sans cesse dans L’art d’être coparents et se soutenir pour élever ses enfants, c’est la nécessité de communiquer, quitte à se disputer (avec respect). Dans le même sillage, nous vous invitons à lire : Les disputes, ça peut arriver devant les enfants, comment éviter ou comment assumer ?
L’essentiel, en matière d’éducation, c’est la qualité relationnelle des personnes qui soignent, stimulent, sécurisent et structurent l’enfant. «Le bébé est une éponge. Les observations montrent que dès 3 ou 4 mois, il est attentif au dialogue entre ses parents et qu’il ajuste son comportement en conséquence». Les petits acquièrent très jeunes et saisissent non seulement les actions, mais aussi les émotions de leur entourage. D’où le besoin de clarté à tous les étages et à tous les âges.
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Loin de ce que l'on pense souvent, la mère n’a pas le monopole du lien .
Les parents sont tous deux, et dès la naissance de l'enfant, des «figures d’attachement de premier rang», même si le père se montre parfois plus taquin dans l’interaction en ne suivant pas au souffle près la danse que mène le bébé avec ses gazouillis et ses mimiques.
En ce qui concerne les familles différentes, il n'y a pas de déficit !
Les enfants qui grandissent dans ces environnements ne témoignent d’aucun déficit affectif ou éducatif, ni «d’aucun biais d’orientation sexuelle» pour les familles homoparentales par exemple.
Avec deux réserves toutefois: des difficultés économiques liées à la monoparentalité peuvent être stressantes et avoir des répercussions sur la capacité de l’enfant à se discipliner. Par ailleurs, dans les familles adoptantes, l’enfant manifeste souvent une «vulnérabilité accrue au moment de la construction de son identité, lorsqu’il se questionne légitimement sur sa filiation et son appartenance». Un dialogue confiant et des soutiens extérieurs permettent de négocier ces étapes.
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Peut-être trop peu ou juste trop
Revenons à cette notion de débat et de conflit parentaux, nécessaire à la structuration de l’enfant. A une extrémité du spectre, certains couples refoulent toute dispute ou même discussion pour ne pas perturber le développement de leur progéniture. C’est une erreur, car l’enfant perçoit les non-dits et les tensions tout en étant privé d’explications.
A l’autre extrémité du spectre, des couples se déchirent sans cesse et n’offrent pas de cadre sécurisant à l’enfant. Affolé, ce dernier «fait alors de la prévention en anticipant ce qui pourrait fâcher ses parents – il va, par exemple, acheter ce qui a été oublié par l’un pour que l’autre ne soit pas en colère –, ou il se met en retrait au point de devenir inhibé dans toute relation sociale». Ces disputes sont destructrices, parce qu’elles visent la personne et non des faits, généralisent à outrance et enferment l’autre dans une identité dégradante.
Comment trouver le juste milieu ?
Dans l’idéal, il y a la controverse constructive. C’est-à-dire un échange dans lequel les parents énoncent leurs points de disparité tout en préservant l’écoute et le respect. Ainsi placé devant un «théâtre d’intentions» dans lequel chaque parent, en plus de ses choix concrets, parle de «ses états mentaux», l’enfant acquiert «la théorie de l’esprit», c’est-à-dire «la capacité à comprendre la perspective d’autrui»,
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Ce savoir-faire dans la dispute est d’autant plus important qu’il n’y a pas de couples sans différends. Les trois sujets qui fâchent le plus? «Les tâches ménagères, l’argent et la vie sexuelle», Qui sont frappés par un aspect: plus que le fond du problème, ce sont souvent les «erreurs communicationnelles» qui plombent. Un «je crois que tu as oublié de faire la vaisselle» est beaucoup mieux qu’un «je ne peux jamais compter sur toi» stigmatisant. Un «je vois que tu es contrarié» est beaucoup moins toxique qu’un «tu es tellement colérique»…
Plus que l’équilibre objectif des tâches, c’est la valorisation ou validation de ce que fait l’autre qui importe.
Concernant les tâches domestiques, relevons tout de même qu’elles reviennent encore à 75% aux mères, même si ces dernières travaillent. A ce propos, Le psychologue Nicolas Favez livre deux observations éloquentes. D’une part, les pères se montrent trop optimistes dans leur projet de partager le suivi de l’enfant. «Des études ont prouvé que les nouveaux pères, pleins d’un enthousiasme authentique au moment de la grossesse, peuvent être ensuite découragés par l’ampleur de la tâche. Si changer des couches ou préparer des biberons quelques jours ne pose pas de problème, le faire de façon régulière, longtemps, de jour comme de nuit, dépasse leur endurance», rapporte le psychologue.
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Les mères «gatekeepers»
D’autre part, parce qu’elles sont encore socialement vues comme les garantes de l’éducation, de nombreuses mères se muent en gatekeepers ou garde-barrières. C’est-à-dire que, tout en souhaitant ardemment déléguer, elles contrôlent et sanctionnent la manière dont le père s’occupe de l’enfant et du foyer. Une ambivalence qui les éprouve et inhibe bien sûr la prise d’initiatives paternelle.
D’où la nécessité d’échanger, beaucoup, pour se réinventer et sortir des attendus sociaux. Il faut parler des problèmes d’organisation, comme du choix des activités extrascolaires de l’enfant, ou encore des convictions politiques et des valeurs morales de chacun. Il n’y a pas de petits sujets, tous jouent un rôle dans la dynamique familiale. Car chaque bug entre parents «a des répercussions sur la relation entre le parent et l’enfant», même si on a longtemps supposé que «la relation mère-enfant était imperméable à la relation avec le père». Cette influence indirecte, appelée «effet de second ordre», conditionne à ce point les liens parents-enfant que parfois le foyer n’apparaît plus aux yeux de ce dernier comme un lieu serein alors que rien, en surface, ne semble perturbé.
Il faut non seulement «débattre, dialoguer quitte à s’opposer», conclut mais aussi «reconnaître l’importance du soutien concret (faire les choses) et émotionnel (féliciter, remercier l’autre). Il ne s’agit donc pas uniquement d’être parent, mais aussi, surtout, d’être coparent, ce qui est fondamental pour le bien de l’enfant.»
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